3 leçons de sagesse et de bon sens de Warren Buffett (via sa lettre aux actionnaires 2021)

Dernière mise à jour: June 03, 2022

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Comme chaque année, Warren Buffet publie sa lettre aux actionnaires de sa célèbre société Berkshire Hathaway.

C’est une source annuelle de sagesse et de pragmatisme bienvenue pour nous les investisseurs Mustachians.

Elle me rappelle à chaque fois comme c’est important de partager des faits qui peuvent te sembler évidents, car ces derniers sont souvent ignorés au profit d’analyses plus poussées et complexes, mais pas forcément plus utiles ni remplies d’enseignement…

Fais tes choix comme si tu n’avais pas besoin d’argent

Le premier passage de la lettre annuelle aux actionnaires 2021 de Warren Buffett qui nous intéresse se situe à la page 11, alors que Buffett se remémore ce qu’il enseignait à ses premiers étudiants en finance il y a 70 ans:


“J’ai insisté pour qu’ils cherchent un emploi dans (1) le domaine et (2) avec le genre de personnes qu’ils choisiraient, s’ils n’avaient pas besoin d’argent. Les réalités économiques, je le reconnais, peuvent entraver ce type de recherche. Malgré tout, j’exhorte les étudiants à ne jamais abandonner cette quête, car lorsqu’ils trouveront ce type d’emploi, ils ne “travailleront” plus.

Charlie [Munger] et moi, nous avons suivi cette voie libératrice après quelques trébuchements au début. Nous avons tous deux commencé comme employés à temps partiel dans l’épicerie de mon grand-père, Charlie en 1940 et moi en 1942. On nous confiait des tâches ennuyeuses et on nous payait peu, ce qui n’était certainement pas ce que nous avions en tête. Charlie s’est ensuite lancé dans le droit, et moi dans la vente de titres. La satisfaction au travail continuait à nous échapper.

Finalement, à Berkshire, nous avons trouvé ce que nous aimons faire. À quelques exceptions près, nous “travaillons” depuis plusieurs décennies avec des personnes que nous apprécions et en qui nous avons confiance. C’est une joie de vivre que de s’associer à des dirigeants tels que Paul Andrews ou les familles de Berkshire dont je vous ai parlé l’année dernière.”



Ce passage m’a interrogé.

Est-ce que Buffett a raison avec sa quête du domaine du travail qu’on aime, afin de ne pas avoir l’impression de travailler? Ou bien est-ce Cal Newport est plus juste dans son livre “So good they can’t ignore you”, où il explique qu’on ne trouve pas sa passion, mais qu’elle se crée avec l’expérience et la maîtrise progressive du métier?

Aussi bizarre que ça me paraisse d’écrire ça, je pense que Buffett fait fausse route, et que Cal est plus juste.

Car oui, c’est important de trouver un domaine professionnel qui nous attire intrinsèquement (par exemple les chiffres plutôt que la mécanique pour Buffett), mais ce n’est pas le plus important pour avoir une satisfaction sur le long terme.

De ce que je connais de la vie de Warren Buffett, ce qui lui donne l’impression d’aimer son job à ce point, c’est qu’il est devenu et resté un artisan du monde de l’investissement pendant des décennies — le fameux capital “carrière” dont parle Cal, qu’il a emmagasiné des compétences rares, ce qui lui permet par conséquence aujourd’hui d’avoir le contrôle de son propre temps — aussi connu sous le nom de l’autonomie.

En revanche, je suis d’accord avec le second précepte de l’oracle d’Omaha concernant les personnes avec qui tu travailles (i.e. de les choisir comme si tu n’avais pas besoin d’argent). C’est applicable pour sûr si tu es le boss de ton entreprise, ou bien que tu as un pouvoir décisionnel dans le recrutement dans ton entreprise, mais moins si tu es plus bas dans l’échelle hiérarchique. Mais tu peux quand même appliquer ça en choisissant pour quelle équipe tu veux bosser, ou avec quel type de manager tu veux collaborer.

Prise de ma dose hebdomadaire de liberté durant une promenade le long du Jura, en début de soirée printanière

Prise de ma dose hebdomadaire de liberté durant une promenade le long du Jura, en début de soirée printanière

Mais revenons deux secondes au domaine dont Warren parle.

En tant que Mustachian qui cherche à être FIRE (“Financial Independence, Retire Early”, en français: “Indépendance Financière, Retraite Anticipée”) à 40 ans en Suisse, ça me parle pour la partie “retraite anticipée” de ma vie.

Effectivement, le blog que tu lis ici est devenu mon domaine de prédilection depuis 2014. Et même s’il ne me rapportait pas d’argent (ce qui a été le cas pendant les 5-6 premières années), je continuerais à l’écrire.

Et trouver ce genre de domaine avant que tu deviennes FIRE est essentiel si tu ne veux pas tomber en dépression lorsque tu n’as plus de sens dans ta vie du jour au lendemain via ton job habituel.

Je te recommande de lire “So good they can’t ignore you” de Cal Newport pour trouver ton domaine à toi pour ta vie post-FIRE, via des séries de petites expérimentations où tu apprends de tes échecs et réussite, petit à petit — vs. chercher ta passion en vain.

Ne t’encombre pas d’abrutis (dans ton job, et ta vie!)

Warren Buffet continue à écrire dans sa lettre aux actionnaires:

Dans notre bureau à domicile [Omaha, aux États-Unis], nous employons des personnes décentes et talentueuses — pas d’abrutis. Le turnover est en moyenne d’une personne par an.

Au détour du petite phrase, Buffett distille du bon sens qui n’est malheureusement pas donné à tout le monde.

La décence, aka le respect de ce qui touche les bonnes mœurs, ainsi que la retenue dans les relations humaines, est quelque chose qu’on ne prend pas toujours en compte lorsqu’on dit OUI ou NON à un potentiel nouveau collègue. On se focalise souvent trop sur les compétences pures qui elles, peuvent être apprises et améliorées. Mais la décence provient généralement de ton éducation dès le plus jeune âge, et est difficile à changer.

Mais quoi de plus dangereux pour une entreprise que d’embaucher un employé toxique avec un égo surdimensionné qui prend plaisir à diriger les gens comme s’il était l’un de leurs parents?

Pour avoir vécu ça moi-même, le point de Buffett est une bonne piqûre de rappel.

Et encore plus la seconde partie de sa phrase: ne pas s’associer avec des abrutis! C’est dit :)

Long termisme

Le dernier point de sa lettre qui m’a interpellé se trouve dans ce passage:


J’aimerais cependant souligner un autre élément qui transforme notre travail en plaisir et en satisfaction: travailler pour vous. Il n’y a rien de plus gratifiant pour Charlie et moi que de bénéficier de la confiance d’actionnaires individuels à long terme qui, depuis plusieurs décennies, nous ont rejoints en espérant que nous serions un dépositaire fiable de leurs fonds.

Évidemment, nous ne pouvons pas sélectionner nos propriétaires, comme nous pourrions le faire si notre forme d’exploitation était un partenariat. N’importe qui peut acheter des actions de Berkshire aujourd’hui avec l’intention de les revendre bientôt. Il est certain que nous avons quelques actionnaires de ce type, tout comme nous avons des fonds indiciels qui possèdent d’énormes quantités de Berkshire simplement parce qu’ils sont tenus de le faire.

Cependant, Berkshire compte parmi ses propriétaires un très grand nombre d’individus et de familles qui ont choisi de nous rejoindre avec une intention proche de “jusqu’à ce que la mort nous sépare.” Souvent, ils nous ont confié une part importante — certains pourraient dire excessive — de leurs économies.

Berkshire, ces actionnaires le reconnaissent parfois, est peut-être loin d’être le meilleur choix qu’ils auraient pu faire. Mais ils ajouteraient que Berkshire figurait en bonne place parmi ceux avec lesquels ils se sentaient le plus à l’aise. Et les personnes qui sont à l’aise avec leurs investissements obtiendront, en moyenne, de meilleurs résultats que celles qui sont motivées par des titres, des bavardages et des promesses en constante évolution.

Les propriétaires individuels à long terme sont à la fois les “partenaires” que Charlie et moi avons toujours recherchés et ceux que nous avons constamment à l’esprit lorsque nous prenons des décisions chez Berkshire. Nous leur disons : “C’est agréable de ’travailler’ pour vous, et nous vous remercions de votre confiance.”



Ce passage me parle, car c’est comme ça que je vois la relation que j’entretiens avec toi via mon blog 1. En tout cas le “toi” que j’imagine lorsque j’écris mes articles.

Un jour, tu es arrivé par hasard sur mon site (enfin sûrement grâce à Google), et depuis 2014, tu n’en es jamais reparti.

En fait, avoue, c'est pour ces magnifiques morceaux de nature suisse que tu restes? :D

En fait, avoue, c'est pour ces magnifiques morceaux de nature suisse que tu restes? :D

Car tu sais que je pense de façon long terme. Autant pour mes propres investissements que pour toute chose que j’entreprends. Et que même dans 10 ou 20 ans, ce blog sera toujours ta boussole dans le monde des finances personnelles en Suisse.

Je vois mon blog comme ces petites affaires familiales chez qui on aime tant passer dire bonjour le samedi matin en faisant son marché, même si on n’y achète pas à chaque passage. On s’y sent comme si on était de la même famille, et on sait que ce genre d’échope est là pour rester.

On s’y plaît, car ce n’est pas un business quelconque, mais une relation humaine entre deux personnes; pour notre cas, entre un inconnu suisse sur l’internet mondial (moi ^^) et toi, cher lecteur.

Comme dit Buffett, c’est tellement gratifiant d’avoir cette relation direct entre ce que je tape à cet instant sur mon clavier, et toi qui lit ces mots à l’écran juste maintenant.

Pas de “middle-manager”. Pas de sponsor qui m’impose une ligne éditoriale. Rien que nous deux, ici, à partager et à grandir ensemble au niveau de nos finances personnelles en Suisse.

Et pour cet état d’esprit long termiste, je te dit: MERCI.


Et toi, t’en as retiré quoi comme enseignements de la lettre aux actionnaires 2021 de Warren Buffett?


  1. c’est comme ça que je pense que tout business devrait être, et le monde s’en porterait beaucoup mieux à tous les niveaux. ↩︎

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Comme d'habitude, je n'écris et ne passe en revue que ce que j'utilise dans ma vie quotidienne ou ce en quoi j'ai confiance.

Merci de ta lecture!