Imagine que tu crées une entreprise qui vend du vent. Genre, littéralement, du vent en paquets de 1 et 3 kgs. Tu te dis que c’est une bonne idée (une idée de génie même!), car personne ne l’a eu avant.
Et puis, les gens aiment tellement acheter de la m**** sur Wish ou sur Alibaba, ils vont forcément adhérer, et tu vas forcément devenir le prochain milliardaire une fois que tu auras revendu ta boîte à Facebook (à qui d’autre…!)
Du coup, tu en parles à deux-trois potes que tu convaincs en 5 secondes, et tu te retrouves avec CHF 50'000 de capital.
Deux semaines après, un lundi matin à 9h pour être précis, tu ouvres ton site e-commerce vendant tes sacs de vent en version 1kg et 3kg.
Lundi matin, 9h01. Aucune vente. Bon OK, les gens commencent juste leur semaine de boulot et n’ont pas encore la tête à acheter du vent à cette heure. Tu patientes.
Lundi 14h, toujours rien.
Tu te dis que t’aurais dû lancer le mardi, car ça marche mieux ce jour-là.
Mardi midi, toujours rien.
Les soucis commencent à venir, car tu as cramé tous les CHF 50'000 de capitaux avec la production des sacs plastiques pour contenir le vent, et dans la création de ton site web e-commerce.
Et d’un coup, t’as une illumination:
Mais punaise, j’suis con, les acheteurs de vent, ils passent forcément leurs journées à chercher des articles qui servent à rien, le soir, sur Google. Il faut que je place des pubs suffisamment bien ciblées, et le tour est joué! Le seul hic, c’est qu’il faut que je trouve CHF 15'000 pour mon marketing de ouf!
Ni une ni deux t’appelles quelques membres de ta famille, et c’est plié.
Le soir même, tu lances ta campagne marketing qui vend du vent!
Avance rapide une semaine après, et… toujours 0 vente.
Tu te dis que t’as dû mal juger tes acheteurs potentiels, et qu’en fait, tu crois savoir qu’ils sont de nos jours plus sur Facebook et Insta (il paraît que ça fait vraiment genre de dire Insta plutôt que de dire Instagram, donc je m’adapte ^^) que sur Google. Il te faut de nouveau du cash, parce que bon, t’as déjà cramé tes CHF 15'000 chez Google toi!
Cette fois, tu harponnes des gens un peu plus loin dans ton entourage en leur expliquant que ton idée de génie va cartonner! Sauf que, ils te demandent combien de sacs tu as déjà vendus…
Heu…
OK, bref, s’ils ne comprennent rien au business, c’est pas de leur faute. Du coup, tu demandes à tes collègues, puis tu vas même jusqu’à faire du démarchage d’incubateurs de startups. Mais tu te prends toujours la même porte en pleine poire…
Mais à force de factures impayées pour produire ton vent en sacs de 1kg et 3kg, tu te retrouves aux poursuites, et préfères mettre la clé sous la porte en déclarant faillite.
Faut croire que le monde n’était pas prêt. Et tu décides donc de partir vers ta nouvelle idée de startup de dingue, en te rassurant que même Steve Jobs était incompris à ses débuts…
La morale de l’histoire
Oui, nous les investisseurs, on a un rôle et une responsabilité à jouer en filant du cash aux sociétés dans lesquels on investit pour faire faire des bébés à nos CHF. Mais sur le long terme, ceux qui ont le (réel) pouvoir de faire changer quelles sociétés existent dans ce monde, ce sont les consommateurs (qui s’avèrent aussi être nous-mêmes d’ailleurs). Car sans consommateur, y’a pas de cash qui rentre, et les investisseurs (ainsi que les indices boursiers que nos chers ETFs mimiquent) ne vont pas garder longtemps une telle société qui vend du vend sous perfusion de cash. Au contraire, ils vont vite passer leur chemin, et donner la place à une autre société qui répond à un réel besoin avec des vrais clients.
Et c’est ça la clé de comment pousser le monde dans la bonne direction (i.e. la bonne étant celle que tu juges alignée avec tes valeurs): en consommant toi-même de telle ou telle manière, et en montrant l’exemple aux personnes autour de toi.
Épilogue
L’idée de cet article m’est venue alors que je me demandais si j’influençais plus le monde avec un investissement dans un ETF VT, ou bien via mes achats en tant que consommateur.
Ma conclusion est que mon plus grand pouvoir pour influencer quelles sociétés composent notre monde (selon ma vision et mes valeurs) réside principalement dans ma consommation, ainsi que dans ce que j’enseigne à mes enfants et via ce blog concernant la frugalité et le fait de consommer consciemment.
Parce qu’au final, sur le long terme, les sociétés qui vendent du vent finiront par disparaître d’elles-mêmes des indices dans lesquels j’investis, car elles seront à court de clients, et donc de cash. Alors que celles qui auront toujours des clients continueront à tourner (même sans investisseurs).
Après, c’est vite se déculpabiliser que de fermer les yeux sur les entreprises moins alignées avec nos valeurs dans un indice. Car bien qu’on en soit pas consommateur, on en reste leur fournisseur de perfusion de cash pendant encore un moment. Mais jusqu’à y’a pas si longtemps, c’était soit complexe soit trop cher de placer son argent dans des investissements durables dit ESG (pour Environnement, Social, et Gouvernance). Sauf que les choses changent, et dans le bon sens dans ce domaine. Et ça devient enfin intéressant d’un point de vue purement investisseur donc je compte en parler plus en détail dans le futur.
Et toi, t’en penses quoi du partage du pouvoir entre consommateur et investisseur? (restons constructifs dans les commentaires car je sais que ça peut vite devenir subjectif tout ça :) — pour info, tout commentaire politique sera supprimé)
PS: et surtout, en sus de ton avis, ce qui m’intéresserait c’est de trouver des papiers économiques de recherche sur le sujet avec des données expliquant si mon raisonnement “consommateur > investisseur” est quantifiable d’une quelconque manière que ce soit
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