Interview avec Fabienne et Benoît (du blog suisse Novo-Monde)

Dernière mise à jour: 27 février 2025

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Quand j’ai su que Fabienne et Benoît passait un nouveau cap dans leur vie de baroudeurs autour du monde, je n’ai pas pu m’empêcher de les interviewer une seconde fois.

C’est qui Fabienne et Benoît de Novo-Monde?

Fabienne et Benoît sont deux Suisses qui sont partis faire un tour du monde en 2012.

Cette décision a changé le cours de leur vie.

Je les ai découvert à travers leur blog Novo-Monde, alors que je rêvais moi-même d’un tel projet.

Et comme ils sont Suisses, ça rendait le tout un peu plus spécial.

Puis, par chance (en fait non, car j’ai provoqué cette chance!), j’ai contacté Benoît pour aller boire un café entre blogueurs suisses.

Ça, c’était fin 2015. On avait pris un café dans le troquet d’une gare de Romandie. Et, je l’avais ensuite interviewé une première fois sur le blog au sujet de l’indépendance géographique.

On est toujours resté en contact, irrégulièrement, depuis ce jour.

Puis, quand j’ai vu qu’ils lançaient un coliving en Suisse courant 2023, je lui ai écrit pour une nouvelle interview que voici.

Vidéo avec Fabienne et Benoît

Transcription de la vidéo

Si tu préfères lire plutôt que de regarder la vidéo, alors voici la transcription de mon interview des cofondateurs de Novo-Monde et Alpiness Coliving.

Au vu de la longueur, j’ai pris la liberté de résumer certaines parties via ChatGPT :)


1. Pouvez-vous vous présenter?

Nous avons tous les deux grandi en Suisse, suivi des études classiques et entamé des carrières assez traditionnelles. Moi (Fabienne), j’ai étudié les statistiques et l’économétrie, tandis que Benoît a fait un doctorat en biomécanique numérique. Après nos études, nous avons vécu notre première expatriation à Vienne, où Benoît faisait son doctorat et moi je travaillais en startup.

Mais très vite, nous avons ressenti le besoin de bouger davantage. Nous avons décidé de partir faire un tour du monde de 19 mois. À l’époque, j’avais peur de ce que cela signifierait pour mon CV, mais finalement, cette expérience a complètement changé notre vision du travail et de la vie. C’est aussi là que notre blog a vu le jour, à la base pour partager notre voyage avec nos proches.

À notre retour, on a repris des jobs en Suisse, mais l’expérience en entreprise, notamment pour moi, s’est révélée frustrante. J’ai fini en burnout, et c’est à ce moment-là qu’on a décidé de quitter la Suisse et de se mettre à notre compte. On a d’abord lancé notre activité en créant des sites web, tout en développant notre blog qui, petit à petit, est devenu notre principale source de revenus.

Le mode de vie digital nomade nous a énormément plu. On a vécu plusieurs années entre l’Europe et l’Asie, mais on s’est vite rendu compte que trouver un lieu de travail et de vie adapté n’était pas toujours simple. C’est là qu’on a découvert les colivings, en particulier lors d’un séjour à Tenerife où on a vécu notre première expérience en tant que volontaires dans un coliving. On a immédiatement accroché avec le concept: un lieu où l’on peut travailler efficacement, être entouré de personnes qui partagent le même mode de vie, et éviter la solitude du télétravail.

Depuis 2018, on a passé près de 50 % de notre temps en coliving, et l’idée d’en ouvrir un est vite devenue une évidence. Ce qui nous a particulièrement marqués, c’est l’impact que peut avoir un coliving sur un petit village, comme on l’a vu en Galice, où une communauté de télétravailleurs a développé des projets sociaux et technologiques pour aider la région.

Aujourd’hui, nous avons trouvé notre lieu idéal, en pleine montagne.

2. Zürich Paradeplatz ou jet d’eau de Genève?

Nous ne sommes pas faits pour la ville, que ce soit la Paradeplatz ou le jet d’eau de Genève. Le rythme urbain ne nous convient pas. Moi, j’ai toujours été attiré par des endroits plus calmes, tandis que toi, tu étais plus citadin à l’origine, mais aujourd’hui, on est d’accord: la ville est trop éloignée de la nature.

Pour être heureux, on doit pouvoir partir en randonnée directement depuis chez nous. Ce matin, par exemple, on a fait trois heures de ski avant d’enregistrer un podcast. C’est cette qualité de vie qui, pour nous, est impossible à trouver en ville. Donc, si on devait choisir entre ces deux endroits… on ne choisirait aucun des deux.

3. Quel livre avez-vous le plus offert à vos connaissances?

Je suis plus porté sur les podcasts que sur les livres. Depuis le Covid, j’écoute beaucoup de contenus sur l’environnement, un sujet qui me tient à cœur. L’un de mes préférés est Serw, une chaîne YouTube qui propose des podcasts au format long, laissant aux invités le temps de développer leurs idées. Tout ne me plaît pas forcément, mais j’apprécie le format et la diversité des points de vue.

Côté livres, j’ai lu plusieurs ouvrages de Naomi Klein, dont la philosophie me correspond assez. En revanche, je lis peu de livres au format classique. J’ai beaucoup lu par obligation à l’école, et aujourd’hui, je consomme plutôt du contenu en ligne. C’est peut-être à contre-courant de la tendance actuelle, où l’on valorise beaucoup la lecture de livres de développement personnel et d’entrepreneuriat. J’en ai lu quelques-uns, mais ce n’est pas ce qui me parle le plus. Par exemple, La semaine de 4 heures était très populaire quand j’étais à Chiang Mai, tout le monde le recommandait, mais personnellement, je n’ai pas du tout accroché.

Un documentaire que j’ai adoré, même s’il n’a rien à voir avec l’entrepreneuriat, c’est The Biggest Little Farm. Il raconte l’histoire de deux personnes qui, après un changement de carrière, décident de créer une ferme en biodynamie, en laissant la nature s’autoréguler. Le film montre de façon magnifique comment l’équilibre naturel se rétablit avec le temps: par exemple, ils ont d’abord été envahis par des taupes, mais ces dernières ont en fait aéré le sol, ce qui leur a permis d’éviter des inondations. Puis des chouettes sont arrivées et ont régulé la population de taupes, suivies de lynx qui ont rééquilibré tout l’écosystème. Ce documentaire est vraiment inspirant, même si on n’a pas vocation à devenir agriculteur.

Enfin, un site qui a eu un énorme impact sur ma vie est Le Site du Zéro, devenu aujourd’hui OpenClassrooms. À l’origine, c’était une plateforme pour apprendre à coder, mais elle propose désormais des formations sur une multitude de sujets. Le créateur du site est une personne très inspirante, et il a participé à plusieurs podcasts que je trouve passionnants. Clairement, ce site a eu une influence majeure sur mon parcours.

4. Si vous pouviez installer un gigantesque panneau d’affichage au milieu de la Paradeplatz de Zürich, que dirait-il?

Un bon moyen de promouvoir notre coliving serait d’opposer deux styles de vie. D’un côté, on pourrait montrer une image de notre espace de travail avec une vue imprenable sur les montagnes, et à côté, une photo du même résident profitant de l’après-midi en skiant dans la poudreuse après sa journée de travail.

Une citation inspirante comme celle de Paulo Coelho – “Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine: elle est mortelle.” – pourrait accompagner cette mise en scène. L’idée serait d’inviter les gens à repenser leurs priorités et à sortir du cycle métro-boulot-dodo.

Une phrase d’accroche percutante comme “Je vis et je travaille là où tu pars en vacances” résumerait parfaitement l’esprit du coliving: allier travail et qualité de vie dans un cadre exceptionnel.

5. C’est quoi un coliving? Et vous y faites quoi en tant que gérants?

Un coliving est un espace conçu pour accueillir des personnes qui travaillent à distance. Il s’agit généralement d’une grande maison offrant des infrastructures adaptées au travail, comme un espace de coworking, une salle de conférence et un excellent wifi. En plus des installations professionnelles, il y a aussi des espaces partagés, une grande cuisine commune, un salon, et même une petite salle de sport. L’idée est de créer un cadre de vie agréable, proche de la nature et des montagnes, tout en garantissant de bonnes conditions de travail.

Le rôle du gérant
En tant que gérants, notre rôle évoluera avec le temps. Actuellement, comme nous venons de lancer le coliving, nous gérons tout nous-mêmes: logistique, administratif, ménage, petits travaux… Mais à terme, le but est que cela devienne une tâche moins prenante, ressemblant davantage à la gestion d’une grande colocation.

Le quotidien au coliving
Les journées sont rythmées par le travail, avec des horaires variés selon les résidents. Certains suivent un fuseau horaire européen, d’autres américain. Pour créer du lien, nous organisons des repas collectifs du lundi au vendredi, où chacun cuisine à tour de rôle pour tout le groupe. Cela garantit un moment de convivialité quotidien et favorise les échanges.

En dehors du travail, nous proposons des activités pour aider les résidents à découvrir la région: randonnées, sorties en cabane, promenades autour du village, soirées jeux, projections de films… Une autre dimension importante du coliving est le partage des compétences (skill sharing). Par exemple, un résident spécialiste en intelligence artificielle a récemment donné une présentation sur son domaine, ce qui a inspiré une architecte d’intérieur à collaborer avec lui et à lancer un projet entrepreneurial.

L’esprit du coliving
Le coliving n’est pas juste un lieu de vie et de travail, c’est un espace de rencontres, d’échanges et d’opportunités. Notre rôle est de faciliter ces interactions et d’encourager la création de synergies entre les résidents. Actuellement, nous gérons encore beaucoup d’aspects opérationnels, mais l’objectif est de déléguer progressivement certaines tâches pour nous concentrer davantage sur l’animation de la communauté et l’expérience des résidents.

6. C’est qui un client type? Que des nomades digitaux, ou d’autres parcours de vie?

Le coliving attire un public bien plus varié que les clichés habituels ne le laissent penser. Bien sûr, on y trouve des développeurs, designers et formateurs en ligne, mais aussi des employés d’entreprises diverses qui profitent simplement de l’opportunité de télétravailler quelques mois par an. Par exemple, nous avons accueilli des collaborateurs de Galaxus, mais aussi des professionnels en RH et d’autres secteurs variés. Certains choisissent un coliving en montagne, comme le nôtre en Suisse, tandis que d’autres préfèrent des destinations en bord de mer, comme Tenerife.

Les profils sont également très divers en termes d’âge: notre plus jeune résident avait 22 ans, le plus âgé 54 ans, mais dans d’autres colivings où nous avons séjourné, nous avons rencontré des personnes de 75 ans. Un exemple marquant est celui d’un cuisinier de plus de 60 ans, venu écrire un livre sur la cuisine péruvienne. Il testait ses recettes et nous faisait découvrir ses plats – une expérience mémorable !

Finalement, le coliving s’adresse à toute personne ayant la flexibilité de télétravailler. Par exemple, ma sœur, statisticienne aux Transports publics lausannois, vient souvent ici car elle peut adapter ses horaires. De même, une agente immobilière de Martigny organise ses visites un ou deux jours par semaine et passe le reste du temps à travailler à distance depuis notre coliving. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un mode de vie réservé aux digital nomades, mais d’une solution bien plus large et adaptable.

7. Vous considérez-vous comme financièrement indépendant avec tous vos revenus passifs du blog?

Depuis l’achat de notre coliving le 19 avril 2023, nous avons très peu travaillé sur notre blog, et pourtant, nos revenus ont continué à entrer normalement. L’été dernier, nous avons même enregistré nos meilleurs revenus historiques, malgré l’absence de travail sur ce projet. C’est un peu paradoxal, mais cela montre bien que les efforts passés continuent de porter leurs fruits.

Toutefois, les revenus dits “passifs” nécessitent un travail en amont et un suivi régulier. Il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers, sinon les performances finissent par décliner. Notre situation nous a néanmoins offert une certaine sécurité financière, contrairement à ceux qui, avec un emploi plus traditionnel, verraient leurs revenus chuter à zéro s’ils se lançaient dans un projet aussi prenant que la rénovation d’un hôtel.

Notre blog, ainsi que ses produits dérivés (livres, etc.), nous rapportent environ CHF 80'000 par an. Ce n’est pas une somme astronomique, mais elle est stable et ne demande actuellement presque aucun effort, mis à part le maintien du site en ligne avec un trafic constant. Cette source de revenus nous permet de mener un mode de vie confortable tout en nous consacrant pleinement à notre projet de coliving.

8. Combien a coûté l’hôtel? Combien de travaux? Prix total tout fini?

Nous n’avons pas encore terminé les travaux, mais l’hôtel nous a coûté CHF 870'000. C’est un grand bâtiment de 600 m², comprenant 11 chambres, un appartement séparé et un rez-de-chaussée qui abritait un ancien restaurant et un bar, que nous avons entièrement transformés. Le prix d’achat est comparable à celui d’un trois-pièces à Genève, mais avec d’importants travaux à prévoir.

Le bâtiment était ancien et, bien que toujours habité, il n’avait plus été exploité depuis 12 ans. Nous avons un budget de 500'000 francs suisses pour les travaux, réparti en CHF 400'000 pour l’extérieur (façade, isolation, fenêtres et toiture) et CHF 100'000 pour l’intérieur. À ce jour, nous avons investi environ CHF 100'000 dans la rénovation intérieure, ce qui porte le budget total du projet à environ 1'350'000 francs suisses.

Toutefois, les rénovations extérieures ont pris du retard par rapport à nos plans initiaux. L’une des particularités du projet est que nous avons réalisé la quasi-totalité des travaux intérieurs nous-mêmes, avec l’aide de volontaires tout l’été, ce qui nous a permis de rénover un bâtiment de 600 m² pour moins de CHF 100'000.

Nous pourrons bénéficier de subventions en Suisse pour la rénovation énergétique, mais nous ne comptons pas trop dessus. Elles pourraient atteindre 40'000 à 50'000 CHF, mais elles mettront du temps à être versées. De plus, comme notre bâtiment est situé dans un centre villageois protégé, nous devons respecter certaines contraintes, notamment pour la toiture en pierre et l’installation de panneaux solaires.

Enfin, nous avons anticipé ces coûts dans notre budget initial. Nous avons contracté une hypothèque qui couvre l’ensemble du projet, incluant l’achat et les travaux, plutôt qu’une hypothèque uniquement basée sur le prix d’achat.

9. Combien avez-vous économisé en main-d’œuvre en offrant le couvert et le toit en échange d’aide pour les rénovations?

Nous avons dépensé environ CHF 100'000 pour les travaux intérieurs, mais en réalisant beaucoup de choses nous-mêmes, nous avons économisé près de 100 000 CHF supplémentaires. Par exemple, la peinture nous aurait coûté environ CHF 50'000 avec des professionnels, alors que nous avons acheté de la peinture de qualité pour seulement CHF 2'000. De même, nous avons posé nous-mêmes 150 m² de parquet, ce qui a généré des économies substantielles.

Pour nous, ce projet n’est pas un simple investissement financier visant un rendement, mais un véritable projet de vie. Nous sommes passionnés par le coliving et souhaitions apprendre à rénover, car il est difficile d’être dépendant des artisans en Suisse. Au départ, nous n’avions aucune expérience en bricolage, mais nous avons énormément progressé et gagnons désormais en autonomie.

Un élément clé a été l’organisation d’un chantier collaboratif. Nous avons invité des digital nomads et télétravailleurs intéressés par le coliving à nous aider en échange d’un hébergement gratuit. Pendant l’été, une dizaine de volontaires ont contribué aux travaux, ce qui nous a permis d’avancer bien plus vite. Bien sûr, cela demandait de la gestion, mais en leur confiant les tâches les plus simples, nous avons optimisé leur aide.

Pour les compétences plus techniques, nous avons fait appel à un coach en rénovation. Il nous apprenait une nouvelle compétence (plâtrage, peinture, parquet, etc.) en une journée, nous guidait sur l’achat des matériaux et outils, et nous corrigait. Ce service, peu connu en Suisse, s’est révélé extrêmement rentable, car il nous a permis de travailler efficacement et d’éviter de nombreux coûts inutiles.

Nous avons également embauché un menuisier pendant quelques semaines pour rénover la cuisine. Il nous a appris à utiliser divers outils et a supervisé le travail, ce qui nous a permis de réaliser une grande partie des travaux nous-mêmes.

Enfin, ce chantier collaboratif a eu un impact énorme sur le lancement de notre coliving. Beaucoup de volontaires sont restés ou ont parlé du projet autour d’eux. Résultat: avant même l’ouverture en septembre, nous avions une forte demande, et dès octobre, le coliving était complet grâce au bouche-à-oreille généré par ces premiers participants.

10. Pas trop difficile la gestion de la qualité avec d’autres gens sur le chantier?

Nous pensons que tout dépend de l’approche. Si l’objectif est d’investir dans l’immobilier et de scaler rapidement, on ne ferait probablement pas un projet comme le nôtre. Mais dans notre cas, il s’agissait d’un projet personnel dans lequel nous nous sommes énormément investis. Bien sûr, nous le referions, mais il est clair que cela demande un engagement total.

Physiquement et mentalement, cela a été très éprouvant. À la fin des rénovations, nous étions épuisés, dormant à peine, debout dès 5 h du matin pour gérer chaque détail. D’ailleurs, nous sommes passés sur RTS dans l’émission Forum, et plusieurs personnes nous ont dit que nous avions rajeuni depuis août. En réalité, nous avions simplement retrouvé un rythme de sommeil normal après quatre mois intenses qui nous avaient littéralement vieillis !

Côté qualité des travaux, nous avons réalisé presque tout nous-mêmes, sauf l’installation des portes coupe-feu et l’électricité, confiées à des artisans. Ironiquement, ce sont les deux éléments qui nous ont le plus déçus. Non pas que ce soit catastrophique, mais les délais étaient difficiles à tenir et le travail parfois bâclé, car les professionnels de la construction sont souvent débordés et privilégient la rapidité à la précision. Finalement, nous sommes plus satisfaits des travaux réalisés par nous-mêmes que de ceux faits par des artisans.

11. Combien de CHF en hypothèque vs. fonds propres?

Nous avons eu quelques défis pour obtenir un financement, surtout avec nos revenus modestes et un modèle d’entreprise encore non prouvé. En revanche, nous avions environ CHF 500'000 en fonds propres, et j’ai hérité d’un appartement à Zurich, sans hypothèque, ce qui nous a permis de lever une hypothèque de CHF 450'000 sur cet appartement. Ce bien étant loué depuis plus de 3 ans à plus de 2'000 francs suisses par mois, les banques ont accepté de nous prêter.

Techniquement, nous avons CHF 820'000 d’hypothèques, mais seulement CHF 400'000 sont affectés à notre projet actuel. Nous avons eu plusieurs refus des banques classiques, mais grâce à notre relation de longue date avec la banque alternative Suisse (BS) et notre statut d’actionnaire, nous avons pu obtenir des taux préférentiels. Cela a facilité la négociation, même si l’obtention de l’hypothèque aurait été plus difficile sans l’appartement de ma grand-mère.

Nous avons préféré ne pas maximiser la dette et avons pris moins que la somme initialement proposée, mais sans l’appartement de ma grand-mère, il aurait été impossible d’obtenir un financement aussi élevé. De plus, nous avons dû vendre notre appartement pour compléter le financement.

Les banques sont souvent plus réticentes pour les projets commerciaux, et le coliving étant un concept encore peu développé en Suisse, nous avons dû travailler dur pour convaincre les prêteurs. L’ABS, cependant, a cru en notre projet, et nous avons eu la chance d’être soutenus par un interlocuteur qui a défendu notre dossier. Finalement, nous avons eu le choix entre plusieurs banques et avons opté pour l’ABS, car elle soutient des projets comme le nôtre, tout en offrant des taux préférentiels grâce à notre statut d’actionnaire.

12. Quel taux hypothécaire avez-vous obtenu? SARON ou fixe?

Fabienne, qui a les chiffres sous les yeux, va te donner plus de détails, mais voici ce que je peux te dire: nous avons décidé d’augmenter l’hypothèque sur l’appartement déjà loué, ce qui nous a permis d’obtenir un meilleur taux que pour notre projet commercial. Nous avons choisi un taux de 2,75% sur 7 ans pour l’appartement (emprunt de CHF 400'000) et un taux de 2,98% pour le projet commercial.

Pour le coliving, nous avons opté pour un mix de Saron, avec un emprunt de 100'000 francs suisses à 2,38% lors de la signature. Ce taux a probablement évolué. Nous avons aussi pris des taux fixes sur 3, 4 et 7 ans en fonction de nos prévisions financières. Nous avons des obligations à rembourser sur 6 à 8 ans, ce qui influence nos choix de remboursement. Nous avons essayé de trouver un équilibre entre remboursement et gestion de la dette.

Nous ne sommes pas experts en optimisation, mais on sait qu’on va conserver une certaine dette, car c’est dans notre intérêt. L’idée est de rembourser une partie maintenant, mais sans chercher à maximiser à tout prix. En tout cas, les taux actuels ne sont pas alarmants pour nous, et si notre projet ne parvient pas à supporter cela, ce serait un signe que notre projet a un problème.

13. Quels seront vos frais incompressibles du coliving mensuellement?

Les charges fixes mensuelles sont d’environ 3'500 francs suisses en cas de faible occupation (par exemple, sans clients), avec les intérêts hypothécaires à 1'000 francs suisses, la taxe de promotion touristique et d’autres petites charges comme les impôts. Si le coliving est plein, les charges augmentent à environ 4'000 à 5'000 francs suisses en raison des coûts supplémentaires liés à la gestion des espaces, à la consommation d’énergie, ainsi qu’à l’approvisionnement en produits de base pour la cuisine, comme le café ou l’huile.

Avant de déménager, l’appartement que l’on possédait coûtait environ CHF 1'300 par mois. Aujourd’hui, bien que le projet coûte environ CHF 3'000 par mois, on n’a plus ces frais de logement, ce qui fait qu’on dépense seulement CHF 700 de plus tout en bénéficiant d’une surface habitable largement supérieure.

Le scénario catastrophe a été calculé en amont, et même dans ce cas, les revenus seraient suffisants pour vivre. Aujourd’hui, avec une occupation de 100% jusqu’en mars, les prévisions sont largement dépassées, et la situation est meilleure que prévu.

14. Combien prévoyez-vous de chiffres d’affaires et bénéfices une fois le coliving bien lancé?

En 2025, l’objectif est de générer entre 120'000 et 180'000 francs suisses de chiffre d’affaires en maintenant un taux d’occupation de 60 à 80 %. Cependant, cela inclut des périodes de fermeture pour travaux, comme la rénovation du sous-sol pour y installer une salle de sport, ce qui entraînera des mois sans revenu.

Actuellement, l’objectif principal n’est pas de réaliser un bénéfice, car tout est réinvesti dans des rénovations importantes, telles que l’installation d’une salle de sport et la rénovation de la toiture et des fenêtres. Le bénéfice viendra plus tard, une fois ces travaux achevés. Pour l’instant, tout est réinjecté dans le projet.

Du côté des charges, le couple a réduit ses frais en vivant dans le bâtiment, ce qui permet de ne pas avoir besoin de se verser un salaire. Le coliving couvre largement leurs besoins financiers grâce aux revenus passifs générés par le projet.

La salle de sport, bien que personnelle, sert aussi à attirer des clients. En montagne, la basse saison est idéale pour des activités comme l’escalade, et proposer un mur de grimpe intérieur devient un atout marketing pour attirer plus de monde en dehors de la haute saison. Le couple aime aussi ce projet car l’escalade est une de leurs passions. Ce mur de bloc, situé dans la cave, permet d’ajuster la difficulté de l’entraînement et de se divertir tout en améliorant ses compétences techniques.

15. Avant le coliving: quelle était votre répartition de revenus du blog?

Les blogueurs sont souvent perçus comme gagnant leur vie grâce au voyage de presse ou aux partenariats sponsorisés, mais ce n’est pas notre cas. Nos valeurs ne nous permettent pas de participer à ce genre de pratiques. Nous privilégions l’affiliation, notre principale source de revenus. Nous collaborons avec des entreprises dont nous utilisons les produits, comme Trails (une application de randonnée) et Leader (un site de matériel technique, que nous utilisons pour notre matériel de ski). Ce modèle nous convient bien, car il repose sur des relations authentiques et des produits que nous croyons réellement utiles.

Outre l’affiliation, nous générons également des revenus grâce à nos livres. Nous avons trois livres publiés chez les éditions Hvétique et trois ebooks auto-publiés. Nos droits d’auteur nous rapportent environ 20'000 francs suisses par an, et les ebooks environ 10'000 francs suisses par an. Bien que ce ne soit pas suffisant pour vivre uniquement de l’écriture, c’est un complément financier intéressant.

Notre modèle repose sur plusieurs petites sources de revenus, qui, cumulées, permettent de vivre en Suisse. Pendant la pandémie de COVID, nos revenus liés aux hôtels et aux partenariats ont chuté, mais la vente de nos livres a augmenté, en particulier ceux sur la randonnée. Cela a contribué à compenser les pertes. La clé de notre succès réside dans la diversification de nos sources de revenus, ce qui nous rend moins vulnérables aux fluctuations.

16. Après le coliving: quelle répartition de revenus prévue?

Au début, nous n’avions pas des objectifs financiers très ambitieux pour le coliving. Notre business plan prévoyait environ 2'000 à 2'500 CHF par mois en revenus supplémentaires, mais nous n’en avons pas réellement besoin, car cet argent serait réinvesti dans le projet. L’objectif à moyen terme est de rendre le coliving autonome, afin que nous ne soyons plus indispensables à son fonctionnement quotidien. Cela inclut l’embauche d’un manager pour gérer le coliving et la création de processus permettant son indépendance.

Nous pensons qu’un salaire de CHF 2'500 pour quelqu’un travaillant 20 à 25 heures par semaine, avec logement gratuit, pourrait motiver des candidats intéressés, notamment des personnes venant de l’international. Cependant, le but n’est pas la rentabilité pure, mais plutôt de réinvestir les fonds dans le projet.

Nous avons également prévu d’embaucher une femme de ménage à partir du moment où le coliving sera plus rempli, afin de déléguer certaines tâches. Actuellement, nous fonctionnons avec des volontaires, souvent des personnes qui lancent leur propre business ou cherchent à économiser. Ces volontaires travaillent environ 15 heures par semaine, en alternant entre tâches ménagères et animation de la communauté.

Ce modèle nous permet de libérer du temps pour nous concentrer sur d’autres aspects du projet tout en maintenant une bonne ambiance dans la maison.

17. Comment avez-vous franchi ce cap psychologique de “nomade libre et géographiquement indépendant” au “sédentaire cloué à un endroit précis”?

Au départ, notre envie de voyager était forte, mais au fil du temps, nous avons pris plaisir à nous poser dans certains endroits. Après un an de voyage, nous avons réalisé que la montagne nous manquait, et cela nous a fait réfléchir à un projet de plus grande envergure. Le Covid a été un déclencheur pour repenser nos priorités, en particulier après la chute de trafic sur notre blog. Cette période nous a poussé à chercher plus de sens dans nos actions.

C’est pendant cette période que l’idée du coliving a émergé, mais pas simplement comme un business. Nous voulions créer un projet avec un véritable impact local, dans un petit village. Par exemple, notre coliving dans un village de 300 habitants amène des nomades à consommer localement, ce qui dynamise la communauté. Nous avons aussi des projets de coworking public en collaboration avec la commune, afin de créer un lieu d’interaction entre les habitants et les visiteurs.

Ce projet nécessite un engagement plus sédentaire, ce que nous n’étions pas prêts à accepter il y a quelques années, mais qui nous semble désormais essentiel. Nous avons maintenant trouvé un bon équilibre entre les résidents de notre coliving, nos activités extérieures et notre implication dans la vie locale. C’est un compromis, mais il nous motive au quotidien.

Le processus de choix de l’emplacement de notre coliving a été basé sur l’importance d’une collaboration avec les autorités locales pour pouvoir développer des projets durables. Même si le village est petit et que l’intégration peut être difficile, le coliving nous aide à nous connecter à la communauté locale.

Enfin, notre vision initiale prend forme petit à petit, avec des projets comme la création d’une ligue féminine de bras de fer, qui a été un grand succès dans le village. C’est un exemple d’initiatives qui permettent à la fois d’intégrer les habitants et de créer des liens. Le projet est encore en développement, et nous avons hâte de voir ce qu’il deviendra à l’avenir.

18. Vous prévoyez de laisser le coliving en gestion si vous voulez repartir 3-4 mois une fois?

Depuis plus de 10 ans, notre passion pour le voyage nous anime. Même si on s’est sédentarisé, l’envie de voyager reste présente. Le coliving, à terme, ne sera pas un simple projet pour nous, mais une base pour accueillir des personnes aux projets variés et favoriser les rencontres. On veut que les interactions dans le coliving se fassent de manière naturelle, sans qu’on ait à intervenir constamment, et pour ça, il faut qu’on crée les bons processus. Notre but est de rendre le coliving moins dépendant de nous, pas seulement pour qu’on puisse voyager, mais pour que ce soit un projet pérenne pour la communauté.

Nous avons déjà des gens qui envisagent de s’installer aux Haudères, ce qui serait une vraie révolution pour un village qui a toujours connu la dépopulation. Si le coliving attire d’autres nomades, cela pourrait vraiment dynamiser la communauté locale. Nous sommes ouverts à ce que des personnes s’investissent financièrement et participent à la gestion du projet à long terme. Si le bon partenaire se présente, on pourrait même envisager d’ouvrir le capital. Le but est que le projet perdure, même si, dans 4 ou 5 ans, on n’a plus la même énergie ou les mêmes envies. Le coliving doit pouvoir survivre à notre départ, et pour ça, il doit être plus grand que nous. Il faut que le projet continue de grandir, et que d’autres générations s’en emparent.

19. Dans 5 ans, vous rencontrez un ami que vous n’avez pas vu depuis longtemps. Il vous demande comment vous allez et vous lui répondez que vous êtes “mieux que jamais, la vie ne pourrait pas être plus belle”. Pourquoi?

Il y a une dizaine de nomades qui ont acheté des appartements aux Haudères. On passe des moments géniaux à faire des fondues avec des gens super sympas. Notre coliving est plein, et on est là quand on a envie d’y être. J’ai appris à skier dans la poudreuse en faisant du ski de rando, et on est devenus plus “outdoors” qu’avant. Dans 5 ans, peut-être que je te montrerai des 6c en escalade ou qu’on fera de la peau de phoque dans des coins plus exposés. L’espace communal fonctionne super bien, et on arrive à créer de nombreuses synergies en faisant se rencontrer des gens de l’extérieur et des locaux. C’est ça, la vision à long terme.

20. Qu’est-ce qui vous fait le plus peur qui pourrait perturber votre business model de coliving, et vous faire fermer boutique (comme BlackBerry et l’histoire de l’iPhone)?

Un point important qu’on a mentionné, c’est que si le coliving dépendait entièrement de nous et qu’on perdait l’intérêt pour le projet à long terme, tout pourrait s’écrouler – ce qui serait dommage. Mais sinon, le coliving a montré qu’il était très résilient. Même pendant le COVID, les colivings étaient pleins, car les gens ne pouvaient plus voyager et avaient besoin d’un endroit où vivre et travailler.

Le télétravail ne va pas disparaître, et la montagne semble être un pari assez sûr pour l’avenir. Malheureusement, avec le changement climatique, on en voit déjà les effets: l’été dernier, quand il faisait plus de 40°C à Sion, des gens nous ont écrit pour savoir s’ils pouvaient venir travailler dans notre coworking. Ils se qualifiaient eux-mêmes de “réfugiés climatiques”, louant des appartements en altitude pour fuir la chaleur.

Comme le coliving repose sur l’interaction humaine, l’intelligence artificielle ne représente pas vraiment une menace pour notre modèle. En plus, la majorité de nos clients viennent par le bouche-à-oreille, donc même si Google nous déréférençait complètement, on serait quand même pleins. Contrairement aux hôtels qui ont besoin d’un fort taux de remplissage avec des courts séjours, notre fonctionnement est très différent: nos clients restent en moyenne entre 4 et 6 semaines. Avec seulement 40 à 50 personnes par an, on atteint notre capacité maximale.

Cet hiver, par exemple, on a déjà une liste d’attente – et c’est notre tout premier hiver ! Ce ne sera sûrement pas comme ça toute l’année, mais globalement, le coliving est encore une niche émergente. On est confiants sur le fait qu’on a de belles années devant nous.

21. Est-ce que vous envisagez de franchiser votre modèle, pour posséder plusieurs coliving en Suisse ou dans le monde?

Oui, on y a déjà pensé, mais non, on ne s’apprête pas à le faire. Gérer une franchise de coliving, ça doit être un boulot énorme, et je tiens à préserver une qualité de vie décente.

En vivant ici, on a envie de s’investir dans notre village, et des projets, on en a déjà plein. Certains sont en cours, et une fois qu’ils seront terminés—ou abandonnés—d’autres prendront leur place. On ne sera jamais à court d’idées, et si un jour on s’ennuie, peut-être qu’on y réfléchira. Mais on n’est pas du genre à vouloir scaler à tout prix, ce n’est pas notre vision.

22. Quotidiennement, quelle est LA chose qui libère encore de l’épanouissement intrinsèque/de la dopamine dans votre cerveau aujourd’hui?

Cette semaine, j’ai vraiment réalisé que j’avais fait de bons choix de vie. Mercredi matin, on est allés grimper avec le coliving, puis j’ai bossé l’après-midi. Hier, j’ai fait de la peau de phoque pendant trois heures sous un soleil magnifique avant de travailler l’après-midi. Ce matin, on a profité des premières descentes de la saison avant de reprendre le boulot. Avoir cette flexibilité, pouvoir vivre ainsi, c’est un vrai luxe. En plus, le soir, il y a des jours où je n’ai même pas besoin de cuisiner, ce qui me permet de me concentrer sur mes projets jusqu’à tard.

Pour moi, la dopamine ne vient plus tellement du blog en ce moment, mais du coliving. Des rencontres, des discussions jusqu’à 1h du matin, des moments partagés… Et bien sûr, la montagne et le sport, même si je suis moins extrême que Benoît. Mais au-delà de ça, faire quelque chose qui a du sens, c’est hyper motivant. Quand tu crois en ton projet, que tu le fais pour une raison qui te tient à cœur, ça te porte.

Et surtout, on a la chance de le faire ensemble. Être à deux sur un projet, c’est un vrai atout. Pendant les rénovations cet été, on a eu chacun nos moments de creux, et pouvoir compter sur l’autre, c’était essentiel. La semaine dernière, Benoît est parti une semaine en Angleterre pour un workshop. Ça allait, la maison n’était pas pleine, mais à la fin de la semaine, j’étais pressée qu’il rentre – pas juste parce qu’il me manquait, mais aussi parce que c’est un vrai travail d’équipe. Quand l’un n’est pas là, on sent tout de suite le déséquilibre.

23. En tant qu’entrepreneurs à succès, quel est le défi que vous devez encore relever aujourd’hui que vous rencontriez déjà lorsque vous avez commencé novo-monde en 2012?!

On a toujours eu du mal à se garder du temps pour nous. Déjà à nos débuts en freelance à Chiang Mai, on bossait tellement qu’on oubliait de manger, jusqu’à ce que l’un de nous craque et aille chercher à manger pour l’autre. Aujourd’hui, avec le coliving, c’est encore plus compliqué. On s’était fixé un jour off par semaine, mais on n’arrive pas à s’y tenir. Même en prenant 10 jours de vacances, on remplit la liste de tâches au lieu de vraiment se reposer.

C’est le problème quand on travaille sur des projets passion: on ne s’arrête jamais. Avant, avec seulement le blog, c’était plus simple. Maintenant, entre le coliving et tout le reste, l’équilibre est encore plus difficile à trouver. On essaie de s’améliorer, et après 18 ans ensemble, ça fonctionne quand même. Mais il y a toujours un projet en cours, toujours quelque chose à faire. C’est un défi constant, et clairement, on n’est pas les seuls entrepreneurs à vivre ça.

24. Vous pensez quoi du mouvement FIRE? (franchement, sans chichi!)

On s’identifie beaucoup au côté frugal du mouvement FIRE, car on a toujours été très minimalistes, et toi, tu es probablement encore plus dans cette optique d’optimisation. Par contre, tout ce qui touche à l’investissement traditionnel ne nous parle pas vraiment, notamment à cause de nos valeurs. On a des placements, mais plus en fonction de nos croyances que des rendements financiers. Par exemple, quand on avait CHF 500'000 de fonds propres, on n’a pas cherché à optimiser, car ce n’est pas notre priorité. L’immobilier, en revanche, est un investissement qui nous parle, et on n’a pas peur de ce type d’investissement.

Concernant le retrait anticipé, on ne se voit pas passer nos journées sur une plage à siroter des cocktails, car on aime être actifs. Ce qu’on apprécie dans l’idée du FIRE, c’est la liberté qu’il peut apporter pour travailler sur des projets qui nous passionnent, sans la pression financière. En réalité, avec nos revenus passifs stables, on vit un peu le modèle FIRE, même si ce n’est pas un “retraite”. Nos revenus nous permettent de nous lancer dans de nouveaux projets sans que l’argent soit la motivation principale. Cela nous aide à éviter de prendre des décisions juste par nécessité financière, ce qui nous laisse plus de liberté pour agir selon nos vraies envies.

25. Au cours des 12 derniers mois, chaque fois que vous avez dû prendre une décision importante que votre cerveau ne pouvait pas résoudre seul, quels ont été vos processus et/ou votre démarche mentale pour la prendre?

Je ne vais pas mentir, parfois on ouvre une bouteille de vin rouge et on discute pour résoudre nos problèmes. Bien sûr, ce n’est pas quelque chose qu’on assume ouvertement, mais c’est un fait: en partageant une bouteille de rouge, on a souvent réussi à surmonter des défis mentaux et à trouver des solutions en discutant. Ce n’est pas forcément politiquement correct, mais c’est la réalité.

26. Qui a été votre mentor au cours de votre progression entre 20 et 35 ans? Pourquoi?

On a eu des personnes qui nous ont vraiment inspirés à certains moments, mais je dirais pas qu’ils étaient nos mentors. Par exemple, il y a eu un blogueur voyage, Alex Viso, dont les vidéos de son tour du monde nous ont donné envie de partir. C’était une grande inspiration à l’époque. Plus récemment, on a aussi suivi des gens comme Pat Flynn avec son blog Smart Passive Income, même si on n’adhère pas à toutes ses valeurs, ça nous a donné des idées. En fait, à chaque étape de notre parcours, on a regardé des gens plus avancés que nous, ça nous pousse toujours à aller de l’avant. C’est cette vision, de toujours regarder vers l’avenir, qui nous aide à avancer. Maintenant, dans le co-living, il y a aussi des gens qui sont un peu nos mentors. Ce sont des amis, mais leur manière de vivre et leur vision nous parlent vraiment, et on essaye de reproduire un peu ce qu’ils font.

27. Ma fille de 10-15 ans vous demande: “Hé, Benoît et Fabienne! J’aimerais lancer mon business, mais aussi voyager, et quand même un peu de stabilité… Vous me recommandez quel parcours?

Écoute, ce qu’on te conseille, c’est de partir en voyage sac à dos. C’est une expérience hyper formatrice. Ça te pousse à sortir de ta zone de confort et à résoudre des imprévus, et c’est ça qui t’aide à grandir. En plus, on te conseille de suivre tes passions, même si elles sont un peu folles. Si tu veux devenir dresseuse de licornes, vas-y ! Ce n’est pas grave si ce n’est pas un métier classique. En Suisse ou en France, même si ça ne se passe pas comme prévu, tu peux toujours rebondir. L’important, c’est d’essayer et de ne pas avoir peur de prendre des risques. En fait, tant que tu fais quelque chose et que tu continues à apprendre, ce n’est jamais la fin du monde.

Questions rapides

28. Tour du monde ou coliving?

En fait, c’est un peu l’état d’esprit des deux. Co-living, parce que tu voyages en rencontrant des gens, mais tu peux aussi faire un tour du monde en t’arrêtant dans des endroits comme ça, c’est vrai.

29. Backpack sous tente ou couchsurfing?

Backpack sous tente.

30. Amérique du Sud ou Asie?

Sans hésiter, je choisirais la même chose: l’Amérique du Sud pour la rando, la nature, les grands espaces. Mon rêve serait d’y retourner avec le van.

31. La meilleure décision quant à votre “mode de vie” que vous ayez jamais prise?

Au début, partir faire un tour du monde me semblait impensable, surtout à cause des inquiétudes des autres plus que des miennes. Mais une fois lancé, j’ai compris que ce mode de vie m’apportait énormément. Le plus dur, ce n’est pas de partir, c’est d’oser sans se laisser freiner par la peur des autres.

32. La pire décision quant à votre “mode de vie” que vous ayez jamais prise?

Ça me vient pas. Dis pas ta femme! Nan, j’ai pas de réponse à cette question.

33. Quelle est votre meilleure recommandation de randonnée autour de votre coliving?

Pour une randonnée avec des ados, une nuit en cabane est une super expérience. Deux options faciles d’accès et adaptées aux personnes sans vertige:

  1. Cabane de Prafleuri, au-dessus de la Grande Dixence.
  2. Cabane des Aiguilles Rouges, avec une descente au Lac Bleu le lendemain, un cadre magnifique.

Pour un défi un peu plus sportif, après une nuit aux Aiguilles Rouges, on peut monter au sommet du Mont de l’Étoile. Départ à 4h30 avec une lampe frontale pour assister au lever du soleil, avec une vue splendide sur la Dent Blanche et le Cervin.


Mes réflexions tirées de mon interview avec Fabienne et Benoît

Vu la longueur de la transcription, j’ai mis mes notes dans un article dédié à venir prochainement :)


Je remercie encore Fabienne et Benoît d’avoir pris une après-midi de leur temps pour partager leur histoire si inspirante.

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Comme d'habitude, je n'écris et ne passe en revue que ce que j'utilise dans ma vie quotidienne ou ce en quoi j'ai confiance.

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