Mr Money Mustache (aka MMM) a économisé suffisamment d’argent au début de sa carrière, qu’il a pu prendre sa retraite (très) anticipée à 30 ans.
Qu’est-ce qu’il a fait à ce moment-là? Il a lancé un blog. Il a continué à faire encore plus de charpenterie (une de ses passions). Et il a même monté un espace de coworking (pour le côté social). Toutes ces activités ont continué de lui rapporter de l’argent, alors qu’il n’avait aucun objectif de revenus spécifique. Néanmoins, sa fortune nette a continué de croître. Et de ce que je connais de sa vie actuelle, il ne compte pas arrêter ses efforts, tellement ça apporte du sens à sa vie.
Liz, du blog FrugalWoods, a décidé avec son mari et ses filles de tout plaquer dans la ville de Boston où ils résidaient, afin d’aller s’installer dans une immense propriété privée de 66 acres en plein milieu de la nature dans le Vermont, aux États-Unis. Elle continue de bloguer (ce qui lui rapporte de l’argent), ainsi que d’écrire des articles en freelance. Son mari a aussi continué son job dans l’IT jusqu’il y a peu. Il a officiellement pris sa retraite anticipée en 2021 à 37 ans, et partage son temps entre membre du conseil d’administration de deux associations à but non-lucratif, participation à des projets de volontariat pour la communauté de sa ville, être parent, et s’occuper de leur propriété (fabrique du sirop d’érable, abattage des arbres, couper du bois de chauffage, réparer leurs nombreuses machines agricoles, faucher leurs champs, cueillir des baies, etc.)
Comme MMM, ce couple ne compte pas se poser sur son porche durant 16h par jour en sirotant des cocktails, et en n’en glandant pas une.
Plus proche de toi, en Suisse, il y a mon pote de longue date Mr RIP qui a quitté un énorme salaire d’ingénieur logiciel. Quasiment FIRE (“Financial Independence, Retire Early”, en français: “Indépendance Financière, Retraite Anticipée”), il avait juste un énorme besoin de changement de vie, et navigue encore entre quelles seront ses futures activités. Mais clairement, tu ne le retrouveras pas en train de passer nombre de ses heures sur une plage du Costa Rica, mais plutôt à faire des vidéos sur le sujet des finances personnelles sur YouTube en italien! Et je peux t’assurer que ça prend de l’effort et du temps.
Et il y a aussi mon exemple: je vais passer à 80% en septembre si tout va bien, afin de consacrer 20% de mon temps à ce blog et ses projets connexes que j’affectionne tant. Une fois FIRE, je continuerai certainement dans cette lancée avec d’autres projets liés à l’écriture.
J’arrête ici pour les exemples, car je pourrais en écrire un bouquin!
Pourquoi attendre d’être FIRE dans plusieurs années, quand on peut être entrepreneur aujourd’hui?
Toutes ces histoires de vie m’amènent donc à un questionnement: est-ce que nous tous, Mustachians en quête d’être FIRE, ne somme-nous finalement pas juste des entrepreneurs refoulés et peureux?
Car, au final, un entrepreneur n’est autre qu’une personne qui agit en toute indépendance et n’est pas placé sous la subordination juridique d’une autre personne. C’est ce qui le distingue du salarié.
Mais être entrepreneur vient avec des responsabilités, que certains verront comme des risques, notamment financiers. Car à contrario du salarié, l’entrepreneur est responsable de se créer son salaire. Avec toutes les angoisses qui vont avec. Notamment la peur ne pas gagner assez chaque mois pour soutenir son niveau de vie et payer ses factures.
Alors que quand on est FIRE, toute cette peur disparaît. Car on sait qu’on a toujours ce coussin FIRE qui est là. Et on peut donc vaquer à toute sorte d’occupations sans se soucier du revenu qu’elle va générer.
Mais dans la réalité, c’est souvent avec ce sentiment de totale liberté et de sécurité financière que les projets persos et passion rapportent assez rapidement un flux de cash non-négligeable.
Le sujet de l’indépendance financière est donc bien plus lié à notre psychologie qu’à notre fortune nette.
Prenons l’exemple d’un entrepreneur justement
À contrario, imaginons un entrepreneur au début de la vingtaine, tel Pasquale, ce multimillionnaire suisse qui nous a partagé son aventure récemment.
Il a décidé de se mettre à son compte avant de devenir FIRE.
Il ne pouvait pas attendre une potentielle retraite anticipée pour vivre avec la liberté que procure l’entrepreneuriat.
Il avait un besoin vital de cette liberté.
Et ce besoin fut plus fort que toute potentielle sécurité financière (même s’il s’est lancé prudemment dans un domaine connu, et où il y avait de la demande).
Conclusion
Cette réflexion démarrée il y a quelques mois n’avait pas pour but de devenir un article, surtout que je ne savais pas quoi en conclure.
Mais l’exercice de poser ces lignes par écrit m’a permis d’y voir plus clair.
Un Mustachian sur la voie de l’indépendance financière (aka FIRE) est un entrepreneur refoulé, pour qui la sécurité financière est plus importante que la liberté. Il a besoin de la première pour expérimenter la seconde.
Un entrepreneur, quant à lui, possède une plus grande sensibilité à sa liberté, et sa psyché vivra bien (ou en tout cas tolérera) l’insécurité financière pour y parvenir.
Choisir le chemin du FIRE plutôt que celui de l’entrepreneur est donc plus un choix psychologique que financier.
Effectivement, même si je possédais 1.62M de francs suisses de fortune nette à ce jour (i.e. la moitié du montant nécessaire pour que je me déclare FIRE en Suisse), je ne pourrais personnellement pas arrêter mon job actuel pour ne vivre que du blog et autres projets persos. Car, psychologiquement, j’aurais toujours cette insécurité financière qui planerait au-dessus de ma tête, et ne pourrais ressentir cette liberté totale. Ce qui est purement une vue de l’esprit, on est d’accord :)
Je l’assume donc: je suis un Mustachian, autrement dit, un entrepreneur refoulé et peureux!
Et toi, qu’est-ce que ces pérégrinations cérébrales t’inspirent? Si tu vois quelconque lien avec des sujets, livres, ou modèles mentaux que je n’ai pas sur mon radar, je te serais très reconnaissant de m’en faire part via les commentaires ou par simple retour d’e-mail. Merci!
Crédit photo en-tête: Tatiana Syrikova via Pexels